Işıl Erdinç, Postdoctorante, IRISSO UMR CNRS INRA 7170-1427
Université Paris Dauphine
Préface de Gilles Dorronsoro
ISBN 978-2-247-17983-1
Sortie le 18 avril 2018
Disponible en librairie et sur editions-dalloz.fr
Comme tout travail d’envergure, celui-ci recouvre plusieurs champs d’études : sociologie du travail, théorie des champs dans la tradition de Bourdieu, analyse du régime politique turc. En premier lieu, l’auteure propose une construction théorique peu fréquente dans la production sociologique actuelle dans la mesure où elle focalise sa recherche sur les relations entre deux champs, c’est-à-dire les relations objectives entre agents. En second lieu, du point de vue maintenant de la connaissance de la société turque, ce livre comble un vide puisqu’il n’existe rien de comparable dans les langues occidentales, ni même en turc. La recherche s’est en effet focalisée sur d’autres sujets, particulièrement depuis les années 1980, et très peu d’études empiriques couvrent le champ du syndicalisme en Turquie. Enfin, cet ouvrage permet de comprendre les ressorts du régime politique turc. Cette configuration particulière des relations entre parti dominant et Etat s’inscrit dans le temps long de la république turque, avec sa suite de coups d’Etat et l’impossible consensus des élites politiques sur une alternance réglée. En pratique, le lecteur comprend comment les réseaux de militants de la mouvance AKP permettent la circulation des militants entre les espaces sociaux, du parti vers le syndicat, les médias liés au parti, les fonctions électives ou les positions dans les institutions d’Etat. Par ailleurs, la dimension comparatiste, qui se lit partout dans les références et les notations, ouvre naturellement à des parallèles avec d’autres pays et d’autres périodes. Une analyse serrée, empiriquement très étayée, et un vocabulaire précis sans être jargonnant rendent ce travail, parfaitement dans l’esprit de cette collection, accessible à un public assez large sans sacrifier la rigueur scientifique.