Présentation
Qualité des produits, de l’environnement, des soins, de la recherche, qualité de vie au travail, dans un territoire, en prison, qualité sociale des entreprises, etc. : l’exigence croissante de qualité se manifeste d’abord par la multiplication des dispositifs visant à la mesurer et à la garantir. Ceux-ci vont des indicateurs aux procédures d’audit, en passant par des classements, des scores, des notations, des benchmarks, des palmarès, etc. Comment expliquer cette multiplication des initiatives destinées à quantifier des qualités ?
D’abord, cela souligne une difficulté classique à s’accorder sur ce qui fait qualité. Ensuite, cela signale que les qualités sont trop diverses, plurielles ou multifaces pour qu’un seul type de quantification suffise à les traduire. Enfin, cela renvoie aux activités quotidiennes des individus et des collectifs qui, dans un effort pour s’orienter en situation d’incertitude, s’engagent dans la recherche et l’invention incessante de nouvelles qualités. « Quantifier au nom de la qualité » ne signifie donc pas que la qualité n’est qu’un prétexte à la quantification. L’apparent oxymore invite surtout à ne pas (ou ne plus) opposer qualités et quantités. La vocation de ce dossier n’est pas d’explorer toutes les facettes de cet objet complexe pour les sciences sociales qu’est la « qualité », du fait de son caractère a priori normatif ou évaluatif. Il se centre sur la facette qui concerne les pratiques de quantification, le travail de production de mesures et de calculs et les éventuelles transformations que ces pratiques et ce travail induisent.