Depuis la crise de 1973, le chômage de masse est une donnée constitutive de la situation économique française et une épine dans le pied des gouvernements successifs. Pour combattre ce phénomène, les politiques de l'emploi se sont appuyées sur une agence publique de placement, l'ANPE, aujourd'hui devenue Pôle emploi. Pourtant, l'inefficacité de cet établissement a toujours fait consensus, que ce soit du côté des usagers, des observateurs ou de ses concurrents. Les gouvernements eux -mêmes partagent ce jugement. Depuis 1978, de multiples plans managériaux ont cherché à améliorer l'efficacité de l'établissement, sous - entendant par - là la faiblesse de ses résultats. Cet ouvrage apporte une explication à l'inefficacité chronique attribuée à Pôle emploi en montrant comment les dispositifs de la politique de l'emploi et leur pilotage sont confrontés, d'une part, à un nombre de chômeurs qui excède de loin ses capacités d'accueil et, d'autre part, à une politique du rationnement des offres d'emploi, des contrats aidés, des formations et des budgets, qui réduit l'impact global de l'action de l'organisme auprès de chacun des demandeurs d'emploi. En étudiant les articulations entre les objectifs confiés par l’État à Pôle emploi tout d’abord, le travail des cadres gestionnaires qui pilotent ces missions ensuite et l'activité quotidienne des agents de l'établissement enfin, cet ouvrage révèle un paradoxe : Pôle emploi ne permet pas de lutter contre le chômage, quelle que soit la qualité de ses agents. Tiré d'une thèse de sociologie du travail, ce livre propose de saisir la politique de l’emploi au concret en précisant la place, les modalités et les transformations du rôle de Pôle emploi sur le marché du travail, depuis sa naissance en 2009.